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Témoignage Alexandre Dana Livementor

L’équipe Digidiom 04/11/2019 Temps de lecture : 6 min

Retrouvez le parcours d'entrepreneur d'Alexandre Dana, fondateur de Livementor.

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Interview d’Alexandre Dana, fondateur de LiveMentor

 

Bienvenue sur Talk, le podcast de Digidom. Nous avons interviewé Alexandre Dana, fondateur de LiveMentor et domicilié chez digidom.

 

Pour commencer, peux-tu nous présenter ton parcours ?

J’ai fait des études en école de commerce un peu par hasard. En fait je me suis trompé de case dans mon formulaire d’admission post bac, je voulais faire des études politiques initialement. Je ne savais pas ce que c’était, mon père était psychanalyste et ma mère trapéziste dans des cirques. C’était un nouveau monde pour moi et j’y étais un peu perdu, je ne connaissais pas du tout les métiers classiques proposés à la fin d’une école de commerce : conseil, audit, banque… Ce que j’aimais faire, c’était donner des cours particuliers, j’ai donc commencé à enseigner il y a 10 ans. Je ne me suis pas arrêté depuis, j’ai créé LiveMentor durant mes études qui, après pas mal d’années de galère, a trouvé son décollage après ma scolarité. 

Aujourd’hui LiveMentor est une école en ligne pour les gens qui veulent être « entrepreneurs de leur vie ». Derrière cette formulation nous voulons montrer qu’il existe plein de formes d’entrepreneuriat : les créateurs de site e-commerce, ceux qui veulent lancer un blog pour parler de leur passion, les freelances en marketing, design, développement web, les thérapeutes, les indépendants, les commerces locaux, les naturopathes, etc. Bref une multitude de possibilités, et la mission de LiveMentor est d’aider toutes ces personnes à réaliser au mieux leurs projets.

Nous les aidons avec des formations totalement en ligne, très personnalisées avec beaucoup de coaching et qui durent 3 mois. Nous considérons que les formations théoriques n’ont pas de valeur, pas de sens. Toute notre pédagogie est centrée sur le projet de l’élève. Il arrive avec un objectif et nous l’aidons à l’affiner, à mieux le définir et ensuite nous avons 3 mois pour l’atteindre, le dépasser si possible et à apprendre le maximum de choses.

Tu as lancé ce projet après t’être trompé d’orientation, comment as-tu vécu tes études ?

Je n’étais ni bon ni mauvais élève, j’étais un élève lambda, mais j’ai été marqué par certains professeurs au collège, au lycée puis dans le supérieur. Leur point commun était qu’ils étaient passionnés, j’ai trouvé que c’était un métier magnifique. Aujourd’hui le niveau de l’école est catastrophique, ce n’est pas la faute des enseignants, mais de l’institution ; c’est impossible d’avoir un enseignement de qualité quand il y a 40 élèves par classe, quand la formation des professeurs est supprimée. Pour être enseignant en école primaire, il faut simplement avoir un bac + 5, quelle que soit la spécialité, et passer un concours. Ils ne sont pas formés à la gestion d’un groupe, à la prise de parole en public, à la gestion des émotions, à la pédagogie ni aux différentes personnalités d’élèves.

Je pense qu’il est dommage de voir autant d’élèves sortir de l’école avec de vraies blessures et frustrations. Les plus courantes sont la peur de s’exprimer en public, le sentiment d’être « le débile de la classe » ou de ne pas réussir en mathématiques ; c’était mon cas jusqu’à qu’une prof provoque en moi un vrai déclic qui m’a fait arriver dans les premiers. Ce rapport à la notation permanente est vraiment destructeur pour beaucoup d’élèves. Chez LiveMentor nous ne notons pas les élèves et ne délivrons pas de diplôme non plus, pour une raison assez simple : nous ne sommes personne pour juger le projet d’un élève, nous avons vécu nous-mêmes en tant qu’entrepreneurs cette situation où l’idée initiale n’est pas bonne, mais évolue ensuite. Dire à un élève « toi tu as 4 et toi, 18 » ça n’a aucun sens pour nous. Nous essayons au contraire de dire à chaque élève : « vous avez tous des motivations différentes », certains veulent mettre un pied dans l’entrepreneuriat, d’autres ont une communauté qu’ils ont créée un peu par hasard, qui décolle, mais ne savent pas comment passer à l’étape suivante, d’autres ont déjà une boîte avec 50 personnes et ont d’autres problématiques qui sont de se réinventer, de communiquer différemment, comment utiliser les réseaux sociaux, etc. 

Chacun peut s’apporter mutuellement. Quand on le dit comme cela, ça peut faire un peu « tarte à la crème », mais dans les faits, pour donner encore moi-même des cours sur le site, je vois que ça marche en coaching, une fois par semaine en groupe. Quand on restitue la problématique d’un élève à tous les autres, ils sont super heureux d’apprendre des projets des uns et des autres. Tous les coachings sont des questions/réponses, tous les moments d’interactions entre les élèves et les mentors sont des moments de discussion sur les projets de chacun, ce ne sont pas des moments consacrés à la théorie. 

Avant de créer LiveMentor, avais-tu créé d’autres sociétés ?

Oui, j’avais créé une autre boîte qui n’a pas marché du tout, nous avons fait 16 euros de chiffre d’affaires !

La création de LiveMentor s’est-elle faite par passion, opportunité, ou bien les deux ?

Cela s’est fait par passion, mais aussi par hasard. Je voulais monter un projet dans l’éducation en ligne, j’avais commencé à donner des cours sur Skype complètement par hasard et la meilleure manière de lancer quelque chose c’est de créer une boîte. Mais à la base je ne savais pas ce que c’était de créer une entreprise. Je sais que d’autres entrepreneurs fonctionnent différemment, Marc Simoncini par exemple saisit des opportunités tous les 3 ans dans l’optique, les rencontres, la vaisselle, etc. Lui, il est capable de cibler un marché et d’attaquer, moi je suis incapable de faire ça, je suis nul dans tout ce qui ne touche pas à l’éducation.

Te rappelles-tu de tes premiers élèves ?

Oui, évidemment ! Ma toute première élève était graphiste freelance, elle s’appelait Mariam. Maintenant elle a complètement changé de projet, elle gère une galerie d’art iranien aux puces de Saint-Ouen ! 

Comment as-tu fait pour passer d’une passion à sa monétisation ?

Ce qui a toujours fait la différence chez LiveMentor, c’est que nous sommes obsédés par la création de la meilleure pédagogie possible pour les porteurs de projet. Nous nous sommes tellement acharnés sur le sujet que les élèves le sentent et sont redevables. Même à l’époque où ce n’était pas parfait, ils sentaient que nous étions ultra réactifs pour améliorer une vidéo de cours, passer plus de temps au téléphone avec eux, les relancer, les accompagner et ça génère du bouche-à-oreille. Ensuite, je suis assez obsédé par le fait de créer des communautés, je pense que c’est la bonne manière de faire connaître un projet sur internet et la première étape consiste à partager son histoire. Donc LiveMentor a beaucoup raconté son histoire, notamment via une newsletter qui est suivie aujourd’hui par 120.000 personnes, dans laquelle nous partageons nos difficultés d’entrepreneurs, nos défis du quotidien. Nous écrivons par exemple sur la solitude de l’entrepreneur, la relation avec les parents, la relation amoureuse, etc.

Cette solitude, tu l’as vécue personnellement ?

J’ai eu la chance d’avoir deux associés au lancement. Par contre je l’ai ressentie dans mes interactions avec ma famille, certains amis, nous ne vivions pas sur la même planète ! J’ai le souvenir de discussions pas très marrantes dans lesquelles nous ne nous comprenions pas du tout. Par exemple j’avais autour de moi quatre de mes plus vieux amis qui émettaient des critiques autour du design de mon site, mais avec le recul on se rend compte qu’on se fiche complètement du design. Il ne faut pas leur en vouloir, la situation est pénible à vivre et on se sent seul parce qu’on éprouve l’échec de ne pas avoir réussi à partager la direction de son entreprise. La solitude vient de cette incapacité à communiquer.

J’ai réussi à la gérer en me créant un cercle d’entrepreneurs dans des domaines très différents, mais surtout des porteurs de projet comme des comédiens, des créateurs d’école, et tout de suite un langage commun se crée, ce qui simplifie la communication.

As-tu rencontré des freins administratifs lors de tes différentes créations d’entreprises ?

Oui, plein ! C’est drôle que tu m’interviewes aujourd’hui, car je viens d’apprendre que notre siège social était domicilié dans nos anciens bureaux. J’ai donc pensé à Digidom en me disant qu’il fallait absolument que je vous recontacte, parce que c’est un enfer ! J’ai plein de contrats de travail avec des personnes que j’ai engagées récemment, mais à un endroit où nous ne mettons plus les pieds !

Bref, beaucoup de galères administratives rencontrées ! Auparavant je ne savais même pas comment créer une boîte, où la domicilier, ce que sont les statuts ; le courrier est arrivé très longtemps chez ma mère ! Elle habite à côté de l’endroit où mon père travaille, ils sont séparés, les relations ne sont pas forcément très bonnes ; quand le courrier arrive chez l’un, il ne passe pas forcément chez l’autre. Quand mon courrier arrive, il a une chance sur deux de disparaître sous un classeur ! Quand c’est mon courrier personnel, ce n’est pas très grave, mais quand c’est celui de la boîte ça peut vraiment être très embêtant. Ça n’a pas été la partie la plus fun de mon aventure !

As-tu été salarié avant d’être entrepreneur ? Et si non, aurais-tu envie d’essayer ?

Non, je n’ai jamais été salarié. J’ai réalisé des missions en freelance et des stages. Je ne suis pas fermé même si je considère que les entreprises doivent changer, créer des rapports de travail différents. Dans mon équipe j’ai des gens qui sont dans le salariat et nous essayons de créer une culture de travail dans laquelle chacun est entrepreneur pour rester cohérents avec ce que nous enseignons. Au moment où je te parle, mon designer est en Afrique du Sud, il y fait une semaine de télétravail, car c’est plus simple pour lui. La semaine prochaine il est off pour s’occuper d’une reconstitution du Burning man, ça va être assez marrant, je ne sais pas dans quel état il va revenir ! Le remote work est très important, ainsi que le fait d’avoir de la flexibilité dans son travail et d’avoir sa « mini boîte » dans la boîte.

C’est peut-être le fait de ne jamais avoir été salarié qui t’a parmi de créer quelque chose de nouveau, non ?

Peut-être, mais on peut aussi faire preuve d’une totale inexpérience et prendre des sujets comme des murs parce qu’on n’a jamais travaillé dans une autre boîte. Il est donc intéressant en tant que jeune entrepreneur débutant de s’entourer de personnes qui ont déjà fait ce chemin, soit en créant eux-mêmes leur boîte, soit en ayant travaillé pendant 10 ou 15 ans dans une autre société.

Comment as-tu financé ton projet ?

Au début je ne me payais pas, j’étais étudiant donc je ne touchais pas le chômage, c’était un peu chaud ! Je vivais donc chez mes parents, je squattais, je mangeais du taboulé 4 jours sur 5 pendant un an, acheté dans le même magasin. Ensuite j’ai commencé à donner des cours via mon propre site, ce qui était une bonne chose, car ça me permettait de le faire tourner et de payer mon loyer.

Es-tu passé par la « phase 24/24h » celle dans laquelle s’enferment jour et nuit certains entrepreneurs qui commencent à vendre ?

En fait je suis passé par 3 phases. Dans la première, je bossais tout le temps alors que ça ne marchait pas, c’était un travail inefficace. Je n’avais vraiment pas de vie, je ne faisais plus de sport, je n’avais pas de copine, je ne partais pas en vacances, je bossais comme une brute sans réelle avancée. Dans la deuxième j’étais K.O, je bossais moins et je ne faisais rien à côté à part regarder des séries, je ne me ressourçais pas. 

Heureusement j’ai eu un déclic il y a à peu près 2 ans : j’ai pris des décisions assez radicales dans l’évolution de LiveMentor et dans ma vie personnelle. Concrètement, je me suis inscrit à 5 activités. J’ai commencé à suivre des cours de théâtre, de yoga, d’acrobatie, de chant, etc. Aujourd’hui je travaille beaucoup, sûrement trop, je ne dors pas beaucoup, mais dans ma semaine j’essaye de garder des moments intenses pour réaliser d’autres activités. Cette intensité est répartie sur différents piliers qui me donnent de l’énergie. J’ai compris que ce n’était pas tant une question de travail/repos, mais de diversification de ses activités. Le gros problème quand on ne fait juste que se reposer, c’est qu’on ne coupe pas l’activité du cerveau, en tout cas moi je n’y arrivais pas. Si je restais chez moi à me reposer pendant 5 heures, je pensais encore à LiveMentor en tâche de fond.

Penses-tu que cette phase 24/24h est un passage obligatoire pour un entrepreneur ?

Non, je pense que si on est bien accompagné et entouré on peut l’éviter. C’est top de partager avec des gens qui ont la même philosophie du travail ! J’ai dans mon équipe une fille qui s’appelle Anaïs et qui est une des personnes les plus impressionnantes que je connaisse, c’est une brute de travail. Elle se lève régulièrement à 5 h du matin pour aller faire du cheval en Picardie, elle y va aussi la nuit, le weekend… Elle a d’autres passions auxquelles elle consacre du temps. Pour moi c’est super important d’être entouré de personnes comme elle.

Est-ce que tu te sens libre dans l’entrepreneuriat ou au contraire prisonnier ?

Je pense que ça rejoint la question de la diversification de ses activités. Si on ne se consacre qu’à sa boîte, on ne peut se sentir que prisonnier. Il est très important de faire quelques petits exercices comme prendre son calendrier le dimanche, regarder tout ce que l’on a fait dans la semaine et regarder combien d’heures ont été consacrées à autre chose qu’à son projet. Si ça ne représente que 2 % du temps passé, il y a un énorme souci ! Au lieu de regarder les tâches que l’on veut faire, on regarde ce que l’on a fait. Cet exercice te met une claque à chaque fois !

Qu’est-ce que tu conseillerais ou déconseillerais aux jeunes qui veulent se lancer ?

Je leur conseille de lancer un projet-passion plutôt qu’un projet d’opportunité. Ensuite je leur conseille de ne pas voir l’argent comme motivation, ça ne marchera pas. Ce n’est pas en créant une société que l’on devient riche, il y a d’autres moyens beaucoup plus efficaces. L’aventure devient trop difficile et on ne prend aucun plaisir si on y va qu’en visant l’argent. Il ne faut pas non plus prendre de décisions trop rapidement, il faut être patient. J’ai moi-même pris beaucoup de temps pour comprendre que les choses prenaient du temps.

 


L’équipe Digidiom


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